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Résumé du bordel ambiant
15 janvier 2007

Une à Une

On s'est rencontré dans un champ. Je dessinais des courbes dans le ciel avec mon cerf-volant préféré et elle venait dans ma direction, pieds nus dans l'herbe épaisse. C'était en mars, une de ces belles journées de printemps du Sud-Ouest. Assise sur le sol, elle m'avait regardé un moment en souriant. Ma première phrase avait été la même que celle des amants ringards. "Alors?... Ça t'a plu ?" Ça l'avait fait un peu rire. J'avais pris la sienne pour un signe. Elle m'expliqua qu'elle aimait bien les cerfs-volants. Que ses préférés c'était les combattants. Les combattants ? Tu te rends compte ? En France on doit être douze à s'y intéresser ! Et elle, elle est là devant moi, elle est jolie comme un cœur, elle me sourit de ses yeux bleus de bretonne et elle m'offre son numéro contre la promesse de vite se revoir pour en faire ensemble. Pourtant on a pris notre temps. C'est que deux mois après, qu'on mélangeait nos langues et six mois plus tard, nos meubles dans la même maison.

Pour la première fois de ma vie, je découvrais vraiment ce que c'était qu'aimer. Je l'avais déjà vécu mais jamais aussi fort. Pourtant ma bretonne elle les empilait les obstacles. "J'aime pas ta région, un jour je m'en irai". "J'aime pas que ta vie soit déjà construite, j'aurais voulu qu'on parte de zéro ensemble". "Toi t'es coincé dans ton chez toi, je sens bien que t'en bougeras jamais". "Je me reconnais pas dans les familles, je crois que j'aurais peur de m'y perdre". Et moi j'y mélangeais mes peurs primaires et mes défauts majeurs, cette crainte presque permanente de l'abandon, la nécessité d'avoir des preuves de son amour, mes rêveries idiotes, mon besoin d'absolu et mon dégoût du tiède. Mais on s'aimait ça c'est sûr, d'un amour un peu bancal mais vrai.

C'est plusieurs années plus tard que j'en ai eu envie. J'avais déménagé dans une autre ville, un peu pour lui montrer que j'en étais capable. Et je l'aimais de plus en plus. C'était juste avant ses trente ans. Une après-midi sous le saule pleureur, je lui ai tout balancé. Tout. Droit dans les yeux pour être sûr qu'elle comprenne bien ce que j'étais en train de lui dire. Que pour la première fois, quelqu'un me donnait envie de faire des gosses, que je nous voyais bien vieillir ensemble, que si c'était important pour elle on pouvait se marier. Elle m'a regardé d'un air qui m'a surpris. Quand elle m'a dit "je vais réfléchir", j'ai compris en une seconde ce qui allait se passer. J'ai bien vu que la réponse à venir serait non et que forcément, cette histoire allait se terminer bientôt. Un peu comme quand deux doigts pointent sur une carte routière deux endroits différents, tu sais bien qu'à un moment, les routes devront se séparer.

On a tapé le dernier mur de l'impasse trois mois plus tard, quinze jours après mon anniversaire. Je ne l'aimais pas moins, elle aussi je crois. C'est certainement pour ça qu'on en a chié si longtemps, pour ça que j'ai vécu comme un chien pendant six mois, tout seul enfermé dans ma niche, face au paysage de la mer charentaise que je voyais même plus. Me demandant tous les jours si le soleil du lendemain valait le coup d'être vu.

Puis elle est revenue avec des mots parmi les plus touchants, presque des promesses de toujours. Alors on est redevenu un couple. Mais deux mois plus tard, le mariage de mon frère est venu lui jeter à nouveau cette image de famille qui lui faisait toujours peur. On a rompu le lendemain, juste avant le dessert, un dimanche où tout le monde s'amusait sauf nous. Puis elle est revenue encore, puis elle est repartie.

Aimer parfois ça rend un peu con. Mais pas définitivement. Alors un jour, tu comprends que c'est vraiment pas ça dont t'as envie. Et ce jour-là, la porte qui lui donnait accès à ton amour se ferme, sans que tu l'aies décidé toi-même. Elle est fermée c'est tout. Tu sais que tu seras plus jamais avec elle et que même si la possibilité t'en était offerte, tu la refuserais. Mais il y a toujours le plaisir à se voir et à rire des mêmes choses, à se parler de soi, du chemin parcouru et des humains qu'on rencontre.

Jusqu'au jour où elle te raconte son nouveau mec, un vrai, pas un comme ça en passant. Le prototype du garçon avec un passé et une histoire, des enfants et une ex-femme difficile, qui habite loin, qui va lui demander de s'insérer dans sa vie déjà faite, tout ce qu'elle te disait éviter. Mais tu comprends qu'avec lui elle a des envies qu'elle n'a jamais eues avec toi. Et ça te fait comme un goût étrange, une impression désagréable que t'étais vraiment pas le bon,  comme le chromosome déficient de son histoire.

Demain ça fera trois ans qu'on n'est définitivement plus ensemble. Et même s'il y a eu depuis d'autres amours, d'autres épisodes ni plus simples ni plus complexes, des histoires humaines, des histoires d'adultes avec des bonheurs et des joies, des frissons ou des larmes, des parfums d'impossible ou des envies de rien d'autre,  même si le meilleur est sûrement à venir, je me demande bien pourquoi, encore aujourd'hui, je suis toujours un peu coincé là.

elle_113

Lundi.
Bande son : Eiffel "Une à une"

Que font les cœurs à l'heure où la nuit tombe des nues ?
Dévissent en impudeur et glissent à toute allure, sur la rampe d'un bonheur dont on sait qu'il ne battra plus.
Egrainent leurs chants d'amour convoyés sous des salves de tonnerre en velours.
Et de cohues en cohortes, le don des solitudes infinies nous transporte.

De l'amour il en pleuvra sur le bitume.
Des lèvres, des secondes épelées une à une.
De l'amour il en pleuvra sur le bitume.
Cela bat de soi, faudra s'accrocher à la lune.
Pour des lèvres, des secondes épelées une à une.

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Commentaires
M
ah bon ? ben zut alors c'est pour ça que je sais pas siffler.
Y
féekabossée. J'ai pas fait exprès, c'est juste le "hasard du calendrier"<br /> <br /> Dolly_prane. Franchement les "pochtron's awards 2006", j pensais mériter mieux. Mais c'est un bon début.<br /> <br /> MissQ. Tcho.<br /> <br /> une bretonne. Les amours qu'on n'a pas vécus, je les trouve moins présents quand même.<br /> <br /> Guig. Ouais y'a de ça. Bienvenue.<br /> <br /> michelle. Non ! Les gentilles filles nous apportent des bières en disant "Tiens mon minou". Je voulais le mettre dans le titre, mais ça rentrait pas. En tout cas, bienvenue aussi.<br /> <br /> magui. Parce que tu n'es pas une colombe. (Même si un jour tu as volé dans un magsin, tu n'en es pas un oiseau pour autant).<br /> <br /> faradet. Non j'ai pas de secrétaire. Mais c'est une idée à creuser. Tu connais quelqu'un que ça intéresse ?<br /> <br /> Dolly_prane. En 23 min ? Un quick one, je vois que ça. (Mais faut aimer).<br /> <br /> Yamazaki. Bientôt le printemps et l'occasion de vraiment ressortir les motos.<br /> Ouééé !
Y
Ben pour avoir découvert ton blog y'a pas longtemps pour le post sur les SDS, je venais lire des articles de temps en temps pour me marrer... Mais là, mon samedi matin si ensoleillé me parait d'un coup beaucoup plus sombre!<br /> Et le pire, c'est qu'on s'y reconnait un peut tous dans ton histoire. Donc là, c'est le moment où on se fait un grand café avec une (petite) dose de cognac pour se requinquer, non?<br /> Courage, c'est bientôt le printemps!
D
Le pire c'est de laisser un commentaire, voir si il y a une reponse... se retarper les 53 comms, arriver jusqu'au mien tout en bas (bah oui, comme aux soldes, j'arrive jamais à l'ouverture des portes) et faire ça, plusieurs fois par jour! Bref ça me prend 23 mn quotidiennement. Qu'est ce qu'on peut faire pendant 23mn? des crepes? une coloration capillaire? un episode de "plus belle la vie"? ahlalala... tout ce temps precieux gaché pour de l'ephemere... (quoi c'est nul ma phrase? suis pas bien reveillée!)
F
dis donc,plus de cinquante visiteurs... tu as une secrétaire pour lire ton courrier ? si non, il va falloir y penser, à moins que ton blog soit ton boulot...<br /> <br /> faradet.
Résumé du bordel ambiant
  • Les gentils garçons marchent à pied et vont au ciel. Les mauvais garçons roulent à moto et vont partout. Donc... La vie et la mort, les femmes et la coiffure, le sexe et la moto. Mais aussi le dessin, les cerfs-volants et la mer. (Et la brouette javanaise
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