Le commerce des reliques
Aujourd’hui, (la reprise d')une note culturelle.
Vus ce ouikaine dans une expo sur le Moyen-Age, de très intéressants commentaires sur le commerce des reliques. A cette époque, on prête aux saints des pouvoirs surnaturels. Se recueillir sur leur tombe permet la réalisation de bienfaits et de miracles : des aveugles recouvrent la vue, les membres tordus sont guéris, les chevaliers ne marchent plus dans les bouses sur le champ de bataille. Mais comme les sépultures sont disséminées dans l’Europe (et plus), ça complique. Donc des petits malins ont l’idée géniale de déterrer les saints et de les vendre (très cher) par petits bouts. On te vend une mèche de Saint Pierre, un bout de la tunique de Saint Jean, une dent de Sainte Brigitte et là, la Force est avec toi. Bon bien sûr, il faut être sûr de déterrer la bonne personne. Et vu qu’à cette époque on pratique souvent la fosse commune, c’est pas gagné d’avance. D’autant plus que pas mal de saints sont morts torturés par les anglais (ah non, ça c’était Jeanne d’Arc), donc torturés par Jacques Chirac (ah non merde, ça c’était JP Raffarin), donc torturés par les romains. Et parfois même, démembrés. Une jambe par-ci, un bras par là, et la tête…. AAAAAAAAAAAAA !... Aloue-teu, gentille aloue-teu… (Pardon… Je m’égare).
Donc pour retrouver le saint ou le morceau de saint, on se sert d’une caractéristique que l’on découvre par l’expérience : le saint, même quand il est mort depuis plusieurs mois, ne sent pas mauvais. Bon OK, on peut supposer que ça daube un peu quand même. Mais à les écouter il semblerait que ça sente quand même meilleur que mon haleine du matin les lendemains de fêtes, qui avant dentifrice, évoque parait-il, l’ouverture du tombeau de Toutankhamon.
(Alors les filles… Ça fait rêver non ?)
- Hum… T’as mangé un cimetière hier soir ?
- Nonon ma chérie… Juste c'que t'avais cuisiné.
Non, le saint, même mort, a une odeur particulière, que l’on s’empresse de nommer, "l’odeur de sainteté". Donc un petit boulot de l’époque, consiste à sentir des cadavres, pour savoir s’il s’agit bien de la bonne odeur, donc de la bonne personne. (Au passage, vous remarquerez que la mondialisation a une fois de plus, éliminé un de nos charmants petits métiers d’artisanat). Une fois le cadavre identifié, on le vend à de riches seigneurs ou à des églises mais par petits bouts qu’on aura découpés soi-même.
Alors, pourquoi le vendre en morceaux ? (Nan ! Pas pour mettre dans des yaourts !)… D’abord parce que ça rapporte plus d’argent, ensuite parce que c’est plus pratique d’aller au combat par exemple avec la dent d’un saint enchâssée dans un pendentif plutôt qu’avec tout son squelette pendu autour du cou. (On se rappellera qu’à cette époque, on n’a pas encore inventé le mouvement gothique et que personne n’a entendu parler de Marilyn Manson). Et puis pour finir, ça facilite les magouilles de fausses reliques, ce qui permet de se faire plus d’argent. A tel point même qu’il parait que si aujourd'hui, on rassemblait tous les morceaux du cercueil de Jésus disséminés de part le Monde, on en aurait assez pour reconstruire un Titanic en bois.
Ben finalement c’était une chouette visite. Et en sortant du musée, j’ai décidé moi aussi de me faire de l’argent facile. Ouais parce qu’en cherchant bien, je dois pouvoir en trouver chez moi des reliques. Déjà rien que dans ma cuisine, je crois que j’ai une croûte de Saint Nectaire (*) et même un bout de biscotte de Saint Hubert. Ahah ! Malin le Yoj’ ! Et puis dans un des tiroirs de ma commode, ma plus belle relique : j’ai une culotte (portée) par Sainte Jeanne Mas, que je lui avais volée la fois où j’avais couché avec elle. Mais ça, c'est une histoire que je vous raconterai une autre fois.
(D'ailleurs, ça me fait penser que celle-là, j'vous l'ai jamais racontée)
Donc si vous êtes intéressés par une de ces reliques, faites-moi signe.
Prix à débattre.
(*) Pour mes lecteurs incultes, je précise que Saint Nectaire est le saint que l'on invoque quand on est atteint du mal des pieds-qui-puent. Sisi.
Vendredi 27 juillet : c'est la saint copier-coller.
Bande son : Parce que c'est de saison : les Wampas "Jalabert"
Désolé, mais j’avais toujours rien à dire sur les chevaliers-paysans du lac de Paladru.